jeudi 19 février 2015

Conférence de l'écrivain Janis Otsiémi !

Vendredi 13 février je suis allée assister à une conférence à l'Institut français de Libreville. Cette conférence était menée par un jeune écrivain gabonais, JANIS OTSIEMI. J'ai pu le rencontrer, voici son histoire !

Janis OTSIEMI !

Dédicace !

Janis Otsiemi est né en 1976 à Franceville, au Gabon où il vit.

Il a grandi dans les "États-Unis" d’Akébé, un gros bidonville de la capitale où la vie est assez rude. Au début, il voulait décrire la vie dans les bidonvilles pour ses amis. Aujourd’hui, il utilise les ficelles du polar pour donner sa vision de la société gabonaise
Il est aussi poète et essayiste. Son dernier roman intitulé Le Chasseur de lucioles est paru en février 2013.

En 2000 à l’âge de 24 ans il a publié son premier roman sous le titre « Tous les chemins mènent à l’autre ». Ecrit dans un style lyrique et poétique, le roman traitait de la relation entre soi et autrui.

A 36 ans, il est l’auteur déjà de 9 livres, dont plusieurs romans noirs qui décryptent la société et le crime à Libreville, dans une langue française qu’il honore et revigore avec talent.
Il a publié des essais et documents politiques sur son pays le Gabon avant d’être remarqué en France pour ses 4 romans policiers publiés aux éditions Jigal.

- African tabloïd - 2013
- Le chasseur de lucioles - 2012
- La bouche qui mange ne parle pas - 2010
- La vie est un sale boulot - 2009

Il y dépeint dans une langue inventive et fleurie et un style extrêmement dynamique, une société gabonaise en proie aux plaies récurrentes de l'Afrique : misère, corruption, trafics en tous genres; mais il met aussi en valeur l'extrême vitalité de ce pays. Dans son dernier titre "African tabloïd", il raconte l'assassinat d'un journaliste à Libreville, à un an des élections, et met en scène cette ville trépidante où tout peut arriver. 

Lors de la conférence, il nous a délivré des expressions particulièrement truculentes voire osées que je vous fais partager avec un grand plaisir :

- Avoir un long Bic (avoir fait des études universitaires)
- Chercheuse de vie en DVD (prostituée avec le Dos et le Ventre Dehors)
- Des mange-mille (policiers qui rackettent les automobilistes - mille = 1000 FCFA)
- Avoir chié dans la bouteille (passer un sale quart d'heure)
- Devenir un Michelin (prendre de l'embonpoint)

Attention pour les enfants.....

- Coulisser une adolescente (Avoir des relations sexuelles)
- Faire manger du pain sec (refuser d'avoir des relations sexuelles)


Je pourrai vous en citer plein encore mais je vous laisse le soin de les découvrir vous-même si un jour vous avez l'occasion de lire un de ses livres.

lundi 9 février 2015

La Baie des Tortues

Traversée de l'estuaire !
Samedi 7 février – 8 h du matin - nous bouclons notre sac et rejoignons la base nautique de Michel Marine pour embarquer à bord d’une pirogue à moteur direction la Baie des Tortues. C’est parti pour 30 mn de traversée plein ouest de l’estuaire du Gabon.
Arrivée sur la plage !



Coktail de bienvenue !
Nous atteignons la Pointe Denis que nous contournons et nous naviguons désormais sur l’océan. De ce côté la mer est un peu plus agitée mais il reste à peine 5 mn de navigation à une encablure (1/10° du mille marin pour les puristes) d’une plage de sable blanc.

Nous apercevons les premières cases et nous accostons sur un ponton mobile qui se soulève au gré des mouvements de la houle. Encore un petit effort et nous atteignons une plage immaculée où nous sommes accueillis par les personnels de ce petit complexe hôtelier avec un cocktail. Bienvenue à la Baie des Tortues pour un week-end de 2 jours.
Plage de sable blanc !
Ce complexe est situé dans le parc national de Pongara, une aire protégée constituée de forêt, savane et lagune. Dépaysement garanti !
Pontons !
La partie hébergement est constitué de bungalows magnifiquement décorés couleur locale reliés les uns aux autres par des pontons de bois nous permettant de surplomber des espaces sablonneux fleuris et agrémentés de sculptures imposantes d’animaux tels des buffles, gorilles, girafes et bien sûr les éléphants.
Notre case !



Léonnnnn !
Mais de temps en temps c’est un volatile bien vivant qui nous surprend par son cri caractéristique « léooooonnnnnn » je veux parler d’un paon. Ils sont nombreux et errent sereinement au milieu  du complexe jusqu’à grimper sur les toits.

La vie est belle !
Quand à la plage, elle est tout simplement superbe et de très nombreux aménagements sont mis à notre disposition. Nous allons bien en profiter et les baignades vont se multiplier tout ce week-end.
Quand à la restauration, elle est digne d’un grand restaurant et la carte variée va nous permettre de passer de très agréables moments à table, au hasard gambas, magret de canard, carpaccio de poissons, filet de bœuf…

Lagune !
Nous ne sommes néanmoins pas venus ici juste pour le farniente mais pour continuer notre saga « reptilienne » car après avoir eu la chance inouïe d’assister à la ponte d’une tortue  luth il y a deux mois lors de notre sortie à Nyonié nous espérons assister cette nuit au spectacle des bébés tortues qui tenteront de rejoindre l’océan. On peut toujours rêver !
Passage humide !


Lianes décoratives !

Fourmis au travail !
En attendant nous allons nous promener le long de la longue plage puis en fin de journée nous avons programmé une sortie en forêt avec un guide.

Empreinte d'antilope !
Epine de fromager !
Nous ne verrons pas d’animaux particuliers comme un éléphant ou une antilope (seulement des empreintes) mais le guide va nous montrer des espèces végétales et leurs caractéristiques comme des fougères aux feuilles acérées, les fruits de certaines lianes appréciés par les singes ou encore la sève de l’Okoumé qui s’enflamme facilement et sert à purifier l’air et éloigner les moustiques.


La balade va durer 1 h 45 au milieu d’une végétation dense et parfois très humide.


Aigle palmiste !



Il est 22 h et nous profitons encore de la quiétude du lieu en prenant un dernier café sur une terrasse qui domine la plage avec pour bruit de fond le son des vagues.


Nous décidons alors de finir la soirée en remontant la plage à la recherche de traces de tortues. Nous cheminons ainsi plus de vingt minutes à la lueur d’une lune pâle et de deux frontales  lorsque l’improbable se produit : nous apercevons une première tâche sombre sur le sable devant nous à une dizaine de mètres, puis une deuxième, une troisième et une quatrième. Nous n’osons y croire mais ce sont bien des tortues, des bébés tortues d’une dizaine de centimètres de long qui tournent en rond sur le sable à la recherche de l’océan. La chance nous sourit encore !
Où est la mer ?

Elles errent ainsi à moins de 5 mètres de la mer mais semblent désorientées et les crabes ne sont pas loin aussi nous décidons de leur donner un coup de pouce et les amenons à l’océan.
Sortie du nid !


En cherchant aux alentours nous finissons par trouver une sortie de nid et apercevons encore quelques bébés qui tentent de sortir à grands coups de nageoires, quels efforts pour atteindre la mer. Nous allons les aider aussi car il est évident que peu d’entres eux vont s’en sortir vu le nombre de crabes qui rodent et qui ont déjà fait des ravages autour du lieu de ponte.

Il n’y a plus de tortue à sauver aussi nous rejoignons nos cases avec le sentiment d’avoir encore vécu un moment exceptionnel.

Après une nuit bercée par le bruit des vagues nous profiterons encore pleinement de la plage avant de rejoindre Libreville en fin de journée.


Encore un super week-end !

lundi 2 février 2015

Arts et traditions !

Libreville possède son Musée National des Arts et Traditions (MNAT). Inauguré en 1967 à son emplacement actuel, il est le résultat de collectes effectuées à partir de 1954 sur l’ensemble du territoire gabonais. Plus de 2500 objets et enregistrements sonores sont aujourd’hui répertoriés et leur mise en valeur lors d’expositions temporaires permet la découverte de la culture gabonaise.
J’ai eu l’occasion de m’y rendre récemment pour voir l’exposition « A la découverte des masques du Gabon ».

Les masques traditionnels ont toujours tenu une place importante au sein des cultures gabonaises. Chaque ethnie a les siens, dédiés à des cérémonies variées mais toutes importantes dans le rythme de vie de ces populations.
Les couleurs appliquées sur les masques respectent des codes symboliques précis qui diffèrent d’une ethnie à l’autre. Les couleurs fondamentales sont le blanc, le rouge et le noir.

  • Le blanc symbolise les fantômes, les revenants, le pays des morts, l’au-delà. Il représente également l’innocence, la pureté.
  •  Le rouge vif est la couleur de l’initiation, de la naissance. Il symbolise les menstruations, la femme, la fécondité, la renaissance dans l’autre monde.
  •  Le noir représente l’obscurité des ténèbres et la malveillance. Utilisé en « aplat » (désigne une surface de couleur uniforme de même nuance et même puissance), il représente la matérialité. A l’opposé du blanc qui représente l’invisible, le noir représente le visible, le monde profane.


Voici une présentation de 3 des nombreux masques existants.




Masque MUKUDJI

Originaire du groupe ethnique Punu dans la région de la Ngounié (sud du Gabon), ce masque a pour but d’apaiser les esprits des belles jeunes filles mortes sans avoir pu prendre plaisir à la vie. Il se produit lors de la danse « Mbwanda », il est aussi utilisé dans les villages lors des cérémonies de divertissements diurnes tels que la naissance de jumeaux.

Il est haut de 18 cm et large de 36, il est en bois tendre et raphia, il est composé d’écailles (signe d’eau) et de  scarifications disposées en losange (27) :
  •   9 frontales
  • Masque MUKUDJI ! 
  •  18 temporales (9 de chaque côté)

Une interprétation voudrait que le chiffre 9 corresponde aux 9 clans que comprend l’ethnie.
4 éléments caractérisent ce masque : Coiffure – Scarifications – Natte – Echasses
  •  La lourde coiffure de tresses en coque, telle que portée autrefois par les femmes Punu, traduit le statut social de la femme (mariée – veuve – mère de jumeaux – femme engagée)
  • Les scarifications placées sur le front et les tempes en losange sont des transpositions plastiques d’écailles de poisson. Elles confirment l’origine aquatique du masque. Au nombre de 9 elles symbolisent la séparation des 9 clans d’origine Punu sur les rives du Congo.
  • La natte serait une représentation du pont mythique qui sauva le peuple Bajag lors de la traversée des eaux tumultueuses du Congo.
  • Les échasses d’origine pygmées, rappellent un contrat passé entre les Punu et les Pygmées. Les pygmées équipés de leurs échasses ayant volé régulièrement des victuailles aux Punu, durent en échange d’une levée de sanction révéler le secret de la marche sur échasses.

Les échasses ont également pour signification « sublimer et élever la femme ».
Le danseur qui  porte le masque monté sur échasses, symbolise l’autorité. Il tient dans ses mains 2 chasses mouches, symbole de sagesse et d’autorité, qu’il agite continuellement au son des tambours et des trompettes.


Masque BODI
Ce masque est originaire du groupe ethnique Powé dans la province de l’Ogooué-Lolo (Gabon).

Masque BODI !
La partie supérieure du masque mesure environ 1 mètre et sa circonférence est de 2 mètres. La hauteur jusqu’à la coiffure de plumes correspond à la taille moyenne d’un homme (environ 1.60m).
Il est fabriqué en raphia et en musète (liane qui pousse dans la forêt primaire). Les tissus de couleur rouge et noire qui en couronnent la partie supérieure sont constitués de raphia coloré et sont ornés de coquillages. Les plumes placées sur la tête sont celles de l’aigle appelé « Mbéla » en Powé.

Ce masque est l’affaire des hommes, il est arboré le soir dans le village au cours des cérémonies organisées à l’occasion d’un enterrement ou de la venue d’une personnalité importante.
Il est utilisé aussi pour protéger des sorciers les enfants d’une femme qui en a perdu en bas âge.
Les fibres du masque sont ramassées et attachées aux enfants qui ne sont pas présents à la cérémonie pour les protéger.



Masque EKEKEK

Masque EKEKEK !
Originaire du groupe ethnique Fang dans la région du Woleu-Ntem (Nord du Gabon), ce masque a une hauteur de 48cm et une largeur 27cm. Il est blanc rouge et noir taillé dans du bois tendre, sa coiffe est faite de plumes et son costume de raphia tissé.

Ce masque est porté pour la danse du même nom « Ekekek ». C’est une danse de divertissement qui a lieu le jour dans la cour du village pour effrayer les femmes et les enfants.

Elle ne se produit qu’à cette fin, faire peur et rappeler à l’ordre les dévients sociaux et débusquer les sorciers. Les yeux énormes et tubulaires évoquent sa capacité à repérer les personnes malveillantes.




Il existerait plus d’une centaine de masques mais nombreuses sont les similitudes aussi je pourrai vous en faire découvrir d’autres à l’occasion d’un nouvel article.