Libreville possède son Musée
National des Arts et Traditions (MNAT). Inauguré en 1967 à son emplacement
actuel, il est le résultat de collectes effectuées à partir de 1954 sur l’ensemble
du territoire gabonais. Plus de 2500 objets et enregistrements sonores sont
aujourd’hui répertoriés et leur mise en valeur lors d’expositions temporaires
permet la découverte de la culture gabonaise.
J’ai eu l’occasion de m’y rendre
récemment pour voir l’exposition « A la découverte des masques du Gabon ».
Les masques traditionnels ont toujours tenu une place importante au sein des cultures gabonaises. Chaque ethnie a les siens, dédiés à des cérémonies variées mais toutes importantes dans le rythme de vie de ces populations.
Les couleurs appliquées sur les
masques respectent des codes symboliques précis qui diffèrent d’une ethnie à
l’autre. Les couleurs fondamentales sont le blanc, le rouge et le noir.
- Le blanc symbolise les fantômes, les revenants, le pays des morts, l’au-delà. Il représente également l’innocence, la pureté.
- Le rouge vif est la couleur de l’initiation, de la naissance. Il symbolise les menstruations, la femme, la fécondité, la renaissance dans l’autre monde.
- Le noir représente l’obscurité des ténèbres et la malveillance. Utilisé en « aplat » (désigne une surface de couleur uniforme de même nuance et même puissance), il représente la matérialité. A l’opposé du blanc qui représente l’invisible, le noir représente le visible, le monde profane.
Voici une présentation de 3 des
nombreux masques existants.
Masque MUKUDJI
Originaire du groupe ethnique Punu
dans la région de la Ngounié (sud du Gabon), ce masque a pour but d’apaiser les
esprits des belles jeunes filles mortes sans avoir pu prendre plaisir à la vie.
Il se produit lors de la danse « Mbwanda », il est aussi utilisé dans
les villages lors des cérémonies de divertissements diurnes tels que la naissance de jumeaux.
Il est haut de 18 cm et large de
36, il est en bois tendre et raphia, il est composé d’écailles (signe d’eau) et
de scarifications disposées en losange
(27) :
Une interprétation voudrait que
le chiffre 9 corresponde aux 9 clans que comprend l’ethnie.
4 éléments caractérisent ce
masque : Coiffure – Scarifications – Natte – Echasses
- La lourde coiffure de tresses en coque, telle que portée autrefois par les femmes Punu, traduit le statut social de la femme (mariée – veuve – mère de jumeaux – femme engagée)
- Les scarifications placées sur le front et les tempes en losange sont des transpositions plastiques d’écailles de poisson. Elles confirment l’origine aquatique du masque. Au nombre de 9 elles symbolisent la séparation des 9 clans d’origine Punu sur les rives du Congo.
- La natte serait une représentation du pont mythique qui sauva le peuple Bajag lors de la traversée des eaux tumultueuses du Congo.
- Les échasses d’origine pygmées, rappellent un contrat passé entre les Punu et les Pygmées. Les pygmées équipés de leurs échasses ayant volé régulièrement des victuailles aux Punu, durent en échange d’une levée de sanction révéler le secret de la marche sur échasses.
Les échasses ont également pour
signification « sublimer et élever la femme ».
Le danseur qui porte le masque monté sur échasses, symbolise
l’autorité. Il tient dans ses mains 2 chasses mouches, symbole de sagesse et
d’autorité, qu’il agite continuellement au son des tambours et des trompettes.
Masque BODI
Ce masque est originaire du
groupe ethnique Powé dans la province de l’Ogooué-Lolo (Gabon).
Masque BODI ! |
La partie supérieure du masque
mesure environ 1 mètre et sa circonférence est de 2 mètres. La hauteur jusqu’à
la coiffure de plumes correspond à la taille moyenne d’un homme (environ
1.60m).
Il est fabriqué en raphia et en
musète (liane qui pousse dans la forêt primaire). Les tissus de couleur rouge
et noire qui en couronnent la partie supérieure sont constitués de raphia
coloré et sont ornés de coquillages. Les plumes placées sur la tête sont celles
de l’aigle appelé « Mbéla » en Powé.
Ce masque est l’affaire des
hommes, il est arboré le soir dans le village au cours des cérémonies
organisées à l’occasion d’un enterrement ou de la venue d’une personnalité
importante.
Il est utilisé aussi pour
protéger des sorciers les enfants d’une femme qui en a perdu en bas âge.
Les fibres du masque sont
ramassées et attachées aux enfants qui ne sont pas présents à la cérémonie pour
les protéger.
Masque EKEKEK
Masque EKEKEK ! |
Originaire du groupe ethnique
Fang dans la région du Woleu-Ntem (Nord du Gabon), ce masque a une hauteur de
48cm et une largeur 27cm. Il est blanc rouge et noir taillé dans du bois
tendre, sa coiffe est faite de plumes et son costume de raphia tissé.
Ce masque est porté pour la danse
du même nom « Ekekek ». C’est une danse de divertissement qui a lieu
le jour dans la cour du village pour effrayer les femmes et les enfants.
Elle ne se produit qu’à cette
fin, faire peur et rappeler à l’ordre les dévients sociaux et débusquer les sorciers.
Les yeux énormes et tubulaires évoquent sa capacité à repérer les personnes
malveillantes.
Il existerait plus d’une centaine
de masques mais nombreuses sont les similitudes aussi je pourrai vous en faire
découvrir d’autres à l’occasion d’un nouvel article.
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