vendredi 14 avril 2017

Mission "Sainte Anne" - Episode 1

Il restera des recoins du Gabon que nous n'aurons pas explorés avant notre retour en métropole prévu dans quelques mois maintenant. Aussi pas de temps à perdre il est urgent de monter à la mission "Sainte Anne". Il s'agit effectivement d'une véritable opération tellement il y a d'obstacles à franchir mais le jeu en vaut la chandelle.
L'organisation impeccable de ce périple est confié à JJ et Cath et après quelques coups de fils et un certain nombre de déplacements la période du 7 au 10 avril est retenue. Techniquement nous sommes partis exactement 76 h et avons passé 22 heures sur l'eau, avis aux armateurs, pardon aux amateurs.

La navette pour Port Gentil
Vendredi 7 avril. Il est 11 h lorsque que notre "taxi" nous récupère pour nous rendre au port môle d'où partent les navettes pour Port-Gentil. Théoriquement nous embarquons à 12 h 30 mais "évidemment" le navire qui doit nous emmener n'est même pas encore arrivé. Nous procédons tout de même à l'enregistrement des bagages (pesée et étiquetage) puis nous prenons notre mal en patience ! 12 h  30 sonne lorsque l'on aperçoit enfin la navette.

Prêt à embarquer ?
A partir de maintenant c'est la course contre la montre. Accostage du navire, débarquement à la force des bras des bagages des arrivants puis c'est à notre tour d'embarquer après avoir vu nos propres valises rejoindre le pont supérieur également à la force des bras.

Et voilà c'est fait !
Petit conseil, que nous n'avons pas suivi, acceptez le filmage des bagages car nous savons maintenant qu'ils seront soumis aux intempéries en cas de mauvais temps.
L'accès à bord se fait facilement et après l'ambiance "animée" à l'extérieur nous sommes surpris par l'atmosphère plutôt sereine à l'intérieur du navire dont l'équipement est en parfait état. Les sièges type "avion" qui sont à notre disposition vont s'avérer confortables et nous offrir une agréable traversée d'une durée de 4 h dont 15 mn à dériver au large de Libreville pour une raison inconnue.

La zone pétrolière !
Plate-forme !
17 h 30. Port-Gentil, POG pour les intimes, est en vue ou plutôt sa zone pétrolière et ses nombreuses plate-formes. Nous débarquons tranquillement et récupérons rapidement nos bagages toujours déchargés à bras d'hommes qui se les passent d'échafaudage en échafaudage.


 Après avoir refoulé gentiment une dizaine de porteurs potentiels nous rejoignons notre hôtel, Les Hirondelles, situé à 500 m du port.

Prise de chambres très confortables, dépose des sacs et petit tour en ville avant la tombée de la nuit. Nous aurons le temps de mieux la voir le dimanche à notre retour. On atterrit ensuite au restaurant Copacabana où je vais manger un délicieux poisson braisé que j'aurai moi-même choisi. Retour à l'hôtel vers 23 h pour une courte nuit car demain matin réveil 5 h 30.
Virée nocturne !

Samedi 8 avril. Nous avons rendez-vous au camp Boiro, une caserne de gendarmerie, à 6 h 30 pour y prendre la pirogue qui doit nous emmener à travers la lagune  Fernan Vaz jusqu'à la mission Sainte Anne.

Où est la pirogue ?
A priori les informations sont claires pour rejoindre le lieu d'embarquement mais, comme à Libreville, il n'y a pas de panneau et il nous faut faire quelques demi-tours et prendre des renseignements supplémentaires pour enfin atteindre notre but. Pourtant un doute s'installe car point de bateau à l'horizon si ce n'est des carcasses rouillées.

On va trouver le passage !

C'est vraiment par là ?
En passant un appel téléphonique à notre point de contact nous finissons par apercevoir au-delà des carcasses ce qui ressemble effectivement à une pirogue seulement pas de passage direct semble-t-il ! Et bien si, il suffit de suivre le chemin de boue qui serpente entre des cabanes, digne des favelas, pour arriver à "bon port". Le plus dur reste à venir.
Traversée des favelas !
Au débouché de notre petit parcours d'obstacles nous tombons sur le village de pêcheurs avec ses odeurs, ses couleurs et sa foule bigarrée. Apparemment notre pirogue est bien là mais il y a un tel attroupement devant que l'on se demande vraiment si tout ce beau monde va embarquer. Heureusement nous avons une chaperonne qui nous attend et qui nous fait passer au travers de ce grouillement humain. Comme nous avons déjà payer nos places, nous sommes prioritaires.


Courage !
 Après avoir mis les pieds dans 10 cm d'eau inqualifiable, nous grimpons à l'aide d'une petite échelle sur l'avant du navire. Là il faut encore se faufiler entre des sacs de riz et des valises pour descendre dans le ventre de la bête. Surprise, toutes les places semblent occupées mais le pilote nous indique de rejoindre l'arrière afin de prendre position au niveau de sa cabine. Après encore quelques contorsions, nous reprenons notre souffle à l'air libre ouf retour de la lumière. Maintenant il faut encore pouvoir s'asseoir. Cath et Béa prennent place de part et d'autre du siège du pilote, au moins elles seront à l'abri en cas de pluie tandis que J.J. et moi-même prenons possession de tabourets en bois que nous calons tant bien que mal.

A ce moment là nous ne savons pas encore que nous venons d'en prendre pour 6 h 30 de trajet.
Tout le monde embarque !
Pendant encore plus de trente minutes nous allons assister à l'embarquement d'autres personnes avec leurs volumineux colis. Le pont du navire ressemble désormais à un marché local. Manioc, oignons, riz, folons et caisses d'huiles occupent tout l'espace. En comptant bien il me semble avoir localisé 60 places assises, je dénombre au moins 90 personnes, cherchez l'erreur !
Tout le confort !
Nous prenons enfin le départ... pour rejoindre 15 minutes plus tard la station service. Bien sûr le réservoir se trouve sous le siège du pilote donc les filles doivent déménager le temps du plein. Le vrai départ est donné à 8 h 30.

Bien accrochés pour 6 h 30 !

Malgré notre situation relativement inconfortable, la navigation va bien se passer et nous allons profiter des paysages fluviaux tropicaux que nous connaissons bien avec toute cette végétation luxuriante qui "dégouline" des arbres jusqu'aux eaux de la lagune.
Village au bord de l'eau !
Par ailleurs nous ferons aussi plusieurs haltes dans quelques villages au bord de l'eau pour y déposer une personne ou du ravitaillement.
Végétation fluviale !


Jeux nautiques !

Pont reliant POG à Omboué !
Le parcours peut être décomposé en plusieurs phases. Tout d'abord la traversée de la baie du Cap Lopez (une dizaine de km) qui permet de rejoindre l'entrée proprement dite de l'Ogooué. Puis environ 40 km sur le fleuve lui-même.



Tout le monde descend !


Ensuite encore 40 km sur une petite rivière parfois large d'à peine 20 m ; ce passage permet de relier le fleuve à la lagune Nkomi que nous traversons dans toute sa longueur du Nord au Sud jusqu'à Omboué, la dernière ville importante de toute cette région.

Escale à Omboué

Omboué est le dernier arrêt avant la mission Sainte Anne et beaucoup de monde va descendre de la pirogue. Il faut savoir aussi que Omboué est désormais relié par la route à POG grâce à un pont construit par les chinois. Pour l'instant son franchissement est encore soumis à autorisation mais dans un avenir proche il ne faudra plus que 3 heures pour rallier les 2 villes au lieu de 6 en bateau.
Toujours le sourire !
Encore un petit effort de 30 minutes et nous atteignons enfin la mission en ayant traversé la lagune Fernan Vaz qui constitue la dernière phase de notre périple fluvial. Cela fait 6 h 30 que nous avons quitté la station service et accessoirement 9 h 30 l'hôtel.
Mission en vue !

Mission accomplie !
La famille Bichet !
Selon le "Petit Futé", je cite "l'église de la mission fut construite en 1889 et achetée en France dans les ateliers parisiens de Gustave Eiffel puis acheminée en pièces détachées par Mme Bichet, qui l'offrit à son fils, alors prêtre à la mission Sainte Anne. Venu de France, l'architecte Antoine restera sur place pendant tout le temps des travaux".

Eglise Sainte Anne !
Nous sommes accueillis par Rodrigue, un local vivant sur place, et Muriel une jeune Marseillaise venue aider le Padré à mettre en oeuvre un plan d'action visant à attirer les touristes afin que ces derniers ne se contentent plus de simplement passer sur le site. Gros travail en perspective !





Vue latérale !
L'accueil est chaleureux et l'on nous montre immédiatement nos chambres car le voyage fut un peu fatiguant.

La zone hébergement !
L'hôtellerie que je qualifierai de spartiate est constituée d'une chambre disposant d'un lit et de son sommier (il faut amener ses draps) et d'une salle de bain-WC flambant neuve mais sans arrivée d'eau. Malgré tout, des seaux sont mis à notre disposition et il ne faut pas hésiter à en demander d'autres. Concernant le courant électrique, un groupe électrogène fonctionnant de 18 h à 22 h nous fournira l'énergie nécessaire.

Pause thé !

Vue sur la lagune !













Au programme, visite de la mission, apéro chez Mama Cécile, bain dans la lagune, messe à 19 h, apéro et repas avec le Padré.

Décor en bois !
Après un peu de repos nous entamons la découverte de la zone en passant par l'église elle-même qui est relativement en bon état vue son age. Malheureusement les boiseries internes sont dégradées et quelques morceaux métalliques de la toiture se sont envolés.
Vue intérieure !

Sainte Anne !
Ensuite place à la ménagerie car le Padré voue un vrai culte au genre animal. Il recueille tout ce qui se présente et c'est ainsi que nous trouvons des singes au nez-blanc, à la tête rousse, des moustacs, des porcs-épics, des cochons, des chèvres, des tortues et des chiens.

Moustac !

Porc-épic !

Internat !
Nous passons devant les 2 classes qui accueillent quelques enfants de 5  à 11 ans placés en internat (ils sont en vacances en ce moment) puis nous dirigeons à travers une magnifique bambouseraie jusqu'au repère de la Mama Cécile. Ici c'est le bar local et on va pouvoir y boire une bière fraîche. La propriétaire est en train de préparer de l'huile de palme qu'elle fait bouillir dans une marmite.

Salle de classe !





Chez Mama Cécile !
De retour à la mission nous profitons de la lagune pour y prendre un bain très apprécié qui nous permet de nous débarrasser de nos miasmes de la journée en un temps record. Bien sûr nous avons un petit temps d'hésitation avant de pénétrer dans cette eau noirâtre mais d'après les villageois il n'y a pas de danger, alors c'est le plongeon !
Mieux que les seaux d'eau !

Bain dans la lagune !

portrait d'enfant !
Le Padré arrive enfin de Omboué en pirogue également et après une courte présentation nous invite à suivre la messe. Nous sommes une petite vingtaine à y assister soit tout le village qui vit autour de la mission. Ambiance sympathique et fervente, les enfants calmes au début commencent à montrer des signes d'impatience et le chien Darling suit le Padré comme son ombre et se couche telle une carpette dès qu'il prend la parole.
Darling !










1 h 20 plus tard nous nous retrouvons autour d'un apéritif fait maison par le Padré et de l'inévitable vin de palme. La discussion tourne autre autour du projet de rénovation touristique puis c'est déjà un peu fatigué que nous rejoignons la table à 22 h.
Vin de palme et apéro !

Repas en famille !
Nous allons manger très local puisque le menu se compose d'aubergines à la sardine, de carpes, de poulet Nyembwé et de porc-épic à la sauce Odika (pas les porcs-épics de la ménagerie bien sûr). Riz, semoule et racine de manioc complètent l'ensemble. Les mets servis sont simples mais très bien préparés et nous allons passer un très bon moment tous ensemble.




Il est 23 h 30, nous sommes invités à signer le livre d'or et prenons congés du Padré car nous ne le reverrons pas. En effet demain nous devons partir à l'aube et le réveil est prévu à 5 h 15. Quelle journée !
Coucher de soleil sur Fernan Vaz !

Ainsi s'achève la première moitié de notre périple Port-Gentillais. Il nous faut maintenant bien récupérer car demain c'est déjà le retour mais désormais nous savons à quoi nous attendre.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire